Plus que quelques petites heures avant le lancement de la mission Chang’e6, mission spatiale opérée par la Chine, plus ambitieuse que jamais. C’est à 11h30 (heure de Paris) que la fusée s’envolera dans les cieux, afin de déposer la sonde Chang’e6 sur la face cachée de la Lune.
→ Vers une nouvelle ère spatiale
Une nouvelle page de l’histoire spatiale se tourne. La Chine, au travers de sa nouvelle mission lunaire, risque de révolutionner le domaine scientifique. De fait, si la sonde Chang’e6 parvient à être déposée sur la face cachée de la Lune, des échantillons pourront être prélevés afin de mieux connaître notre satellite naturel. Il s’agit de la première mission de ce type dans l’histoire de l’humanité.
La Chine était déjà le premier pays a poser un engin sur la face cachée de la Lune, en 2019. Elle pourrait être en 2024 la première à ramener des échantillons lunaires de cette face cachée sur Terre. Après avoir parcouru les 380 000 kilomètres séparant les deux astres, la sonde devrait alunir le 1er juin, repartir deux jours plus tard pour finalement revenir en Chine à la mi-juin.
Fusée transportant la sonde Chang'e6, Xinhua/Huang Guochang
→ Une ré-affirmation du pouvoir chinois
Le pays de Xi Jinping concourt donc pour la conquête de l’espace, confrontant particulièrement les États-Unis. La Chine cherche à rattraper son retard, elle qui a été totalement absente dans le domaine spatial au cours du XXe siècle. La Chine a depuis émergé sur la scène internationale, en particulier lors de la mission Chang’e5, qui a permis de rapporter des échantillons lunaires en 2020.
La sonde Chang’e6, quant à elle, se déposera de l’autre côté du satellite, vers sa face cachée, au sein du Bassin Pôle Sud Aitken. Si la Lune possède une « face cachée », c’est car elle se caractérise par « un verrou gravitationnel et présente toujours la même face à la Terre », d’après le responsable de l’actualité spatiale à la cité de l’espace de Toulouse Olivier Sanguy.
La face cachée de la Lune (le Bassin Pôle Sud Aitken est la surface sombre en bas), NASA
La géologie de cette face cachée est différente, puisque ce côté de la Lune est bien plus souvent victime d’impacts météoritiques. La poussière lunaire est de fait composée de matériaux différents.
Comprendre la Lune permettra également de comprendre la Terre, d’après Olivier Sanguy : « On étudie aussi l’histoire de notre planète, car la Lune est comme un morceau de Terre arraché il y a plus de quatre milliards d’années puis mis au frigo ! ».
→ Une prouesse technologique
Si la Chine parvient à accomplir cette nouvelle mission spatiale, alors elle relèvera une prouesse technologique sans précédent. Bien plus accidentée à cause des multiples chocs météoritiques, la face cachée de la Lune rend plus difficile l’alunissage des engins spatiaux. Depuis 1696, qui signe le premier pas de l’Homme sur le satellite, les missions lunaires se confrontent à d’innombrables échecs.
Mission d’autant plus difficile que la sonde ne pourra pas communiquer directement avec la Terre. Puisqu’elle est disposée sur la face cachée, il sera nécessaire d’ajouter un « satellite relais qui va trianguler », toujours selon Olivier Sanguy.
Fusée transportant la sonde Chang'e6, Xinhua/Huang Guochang
Reste à savoir si cette mission parviendra à accomplir tous les défis qu’elle s’est lancés.
Valgass
Mission Chang’e6 : déploiement de la fusée dans quelques heures